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17.01.2007

Beautés insensées à Monaco

medium_Mort_mambo.3.jpgSurmenée par ses problèmes de clé et de serrure, votre petite âme errante, désireusede mettre ses neurones en vacances, a décidé d’aller danser le mambo à Monaco.

Non, peuchère, je galèje.

Je veux simplement dire que je veux vous signaler l’expo Beautés insensées (ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?) qui a débuté le 10 janvier 2007 dans la Principauté par un vernissage où il fallait venir en tenue de ville (et non en itsi bitsi petit bikini) c’est le carton d’invitation qui le recommandait.

medium_Affiches_BEAUTES_INSENSEES.2.jpgSous la houlette du MNNM, Nouveau Musée National Monaco, c’est à la Salle d’Expo du Quai Antoine 1er que ça se passe. Le sous-titre est bien alléchant : Figures, histoires et maîtres de l’art irrégulier. C’est plus ou moins d’art brut dont il est question là comme le confirme le communiqué de presse qui n’arrête pas de roder autour de ce mot. Mais, bon, va pour Irréguliers puisque Irréguliers veut dire : Adolf Wölfli (encore lui), Giovanni Battista Podesta, Franca Settembrini, Tarcisio Merati et Antonio Ligabue, Michel Nedjar, Pinot Gallizio même !

Au cas où vous liriez pas bien les dates sur l’affiche, je vous les répète : du 10 janvier au 25 février 2007.Selon les infos dont je dispose, cette expo conçue par l’historienne d’art Bianca Tosatti est la reprise de celle qui a été présentée à Bergame en Italie au printemps 2006, Palazzo della ragione (joli nom, n’est-ce-pas).

medium_catalogue_oltre_la_ragione.jpegUn catalogue ? Oui, il y en a un : Skira, près de 400 pages, près de 400 photos et repros en noir et en couleurs, essais, biographies et présentation du choix d’œuvres «irrégulières» provenant de collections publiques et privées, européennes et californiennes.

Alors c’est le moment d’étrenner les belles fringues que vous avez attrapées dans les soldes. Faites-vous un petit plan jet set à Monaco. Et pour vous donner bonne conscience, ratez pas la sélection d’œuvres inédites de Jacques Riousse, prêtre-ouvrier et artiste ayant bossé à St-Martin de Peille près de Monac. Vous me raconterez, parce que là je nage.

13.01.2007

Art brut : la clé du mystère

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Elle est retrouvée. Quoi ? La clé du mystère.

Le mystère de l’art brut. Elle était dans l’armoire de Wölfli et personne ne s’en était rendu compte. Heureusement mes lecteurs veillent. Les commentateurs de ma précédente note (De la nuit des fous aux silversterklaüse) ont su la dénicher pour bibi, pauvre petite sœur ignorantine qu’elle est. medium_play_nonne.jpgIgnorantine mais pas têtue. Je suis prête à sous-titrer mon blogue : Rives et dérives de l’armoire suisse (ou de la moissonneuse batteuse lotoise si l’on est plutôt fan d’Emile Ratier) pourvu qu’on m’administre la preuve que tous les possesseurs de meubles peints alsaciens, de fixés sous-verre bohémiens ou de faïences de Quimper font de l’art brut.

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Comme toutes les grandes idées simples cette hypothèse de la source culturiste-populeuse est séduisante. Séduisante comme l’était en littérature la critique biographique avant que Roland Barthes ne vienne y semer sa chienlit structuraliste. medium_madeleine.jpgC’était tout de même reposant pour l’esprit de se dire que tel chef d’œuvre romanesque avait été écrit parce que son auteur souffrait dans sa jeunesse des oreillons. La Recherche du temps perdu était dans la madeleine et basta. Pourquoi donc, l’essence de l’art de Wölfli ne serait pas dans son armoire ?

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Photo Andrew Edlin

Evidemment, il se trouvera toujours des grincheux pour nous dire que, si source il y a, c’est plutôt dans un faisceau d’influences qu’il faut la chercher. Ou –pire encore– que cette recherche des antécédents ne nous mène pas à grand chose, qu’elle dispense même de penser la vraie spécifité de l’art incomparable de Wölfli. Ils ajouteront même, ces empêcheurs de culturiser en rond, que la seule chose intéressante à comprendre c’est le travail de transmutation subi par les éléments reconnaissables lors de leur passage dans le feu intérieur qui couve chez n’importe quel créateur véritable, specialement les bruts.

Girouette comme elle est votre petite âme errante se sent prête à rallier ces thèses grincheuses, sans doute parce qu’elles ont le mérite de la faire passer pour plus intelligente qu’elle n’est. Libre à vous après ça de vous confiner dans l’armoire de la tradition bernoise si vous préférez.

21:20 Publié dans art brut, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, adolf wölfli, emile ratier | |  Imprimer | | Pin it! |

05.12.2006

Art brut, art culturel : des relations contre-nature ?

Ce que ça vole haut, ces temps-ci, je vous dis pas ! Un récent et sagace commentaire de S.H. à propos de mon post du 6 brumaire 2006 : Jules (Leclercq) et Diego (Velasquez) s’interroge sur la nécessité de peser l’un et l’autre sur la même balance. Faudrait pas la pousser beaucoup pour que votre petite âme errante trouve comme lui «saugrenue» cette insistance du dossier d'aide de l’expo de Lille à trouver des origines velasquézoises à la tapisserie de l’homme du commun d’Armentières.

Pour tordues qu’elles soient, les relations entre l’art brut et l’art culturel n’existeraient-elles cependant pas ?

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On peut en douter depuis que Wölfli a fait une pub à la soupe Campbell, depuis qu’Aloïse a fourré des papiers de chocolat et collé des images de Vierge à l'enfant dans ses œuvres. 

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Il est certes plus confortable de nier ces relations contre-nature en se crispant sur une position dubuffetienne pure et dure que de chercher à les élucider. Mais c’est fermer les yeux sur les gueules pleines de crocs d’Auguste Forestier où il est difficile de ne pas entendre l’écho de la Bête du Gévaudan qui continuait à gronder du côté de l’asile de Saint-Alban.medium_figure_de_la_bete.4.jpg

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De telles rencontres du 3e type existent bien. La théorie du fossé infranchissable entre art brut et art cul est bien gentille mais elle est un peu ravageuse dans le genre manichéenne.

Il reste à penser la distance qui existe entre l’autoportrait de Dürer et le dessin de Curzio di Giovanni (voir ma note du 21 novembre : Visitez l’atelier d’Adriano e Michele), il reste à élucider les processus de transformation qui métamorphosent l’un en l’autre et c’est ça qu’est passionnant, mes p’tits Animuliens, pas de savoir si l’art brut est né en Suisse ou en Lozère.

Ceci dit, quitus à Mr S.H. : cela devient en effet furieusement tendance de comparer les images brutes et les images cultu au petit bonheur la chance.

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J’ai peur que l’exposition 20 œuvres dans 20 musées (1er déc. 2006-30 janv. 2007) de nos amis d’Art en marge ne cède un tantinet à cette mode.